Le Crédit municipal de Nancy
L’héritier du Mont-de-Piété
Archiviste : Sébastien Rembert

Le premier mont-de-piété voit le jour en Italie au milieu du XVe siècle. Véritable institution de charité destinée à contrer les pratiques usuraires abusives, il permet aux plus démunis d’obtenir un prêt en contrepartie du dépôt d’un objet de valeur, constituant une garantie. Le Mont-de-Piété de Nancy est établi le 3 septembre 1630, par ordonnance du duc Charles IV (10 ETP 11). Situé rue Saint-Dizier, il ferme ses portes en 1664 en raison d’une gestion déficiente.
Sous l’impulsion du maire Charles Moreau, un « nouveau » mont-de-piété est institué à Nancy en 1834 par ordonnance de Louis-Philippe. Placé sous la double tutelle des Hospices civils et du bureau de bienfaisance de la Ville, cet établissement est associé à une Caisse d’épargne, destinée à accueillir les dépôts de « toutes les personnes laborieuses et économes ». Les deux institutions cohabitent au sein d’un bâtiment commun situé sur l’ancienne place Saint-Jean et demeurent indissociables jusqu’en 1904, date à laquelle la Caisse d’Épargne acquiert son autonomie. Reconnu d’utilité publique depuis 1851, le Mont-de-Piété change de dénomination au début des années 1930 et devient la Caisse de crédit municipal. En 1931, l’institution s’installe au 10, rue Callot, dans un édifice de style Art déco réaménagé par l’architecte Raphaël Oudeville (4Q 12). En 1992, le Crédit municipal évolue à nouveau pour devenir un établissement public communal de crédit et d’aide sociale, doté d’un budget propre soumis au conseil municipal de la Ville de Nancy.
Les crédits municipaux détiennent alors le monopole légal du prêt sur gage : le montant du prêt accordé varie entre 50 et 70 % de la valeur estimée de l’objet déposé. Les statuts de 1933 précisent le rôle de « l’appréciateur », chargé d’évaluer les biens déposés. Désigné en théorie parmi les commissaires-priseurs de Nancy, cet expert est garant de ses estimations et engage ainsi sa responsabilité sur le produit des ventes réalisées chaque année (lequel sert à rembourser les prêts non soldés). Le projet d’aménagement réalisé par Oudeville en 1930 prévoit d’ailleurs 800 m² de magasins, incluant une zone réservée à la bijouterie ainsi qu’un coffre-fort, essentiels pour stocker l’ensemble des objets pris en charge. L’établissement dispose, en outre, de sa propre salle de ventes. Les crédits municipaux exercent parallèlement des activités bancaires telles que l’ouverture de comptes de dépôts (1918), les prêts aux fonctionnaires (1954), aux personnes physiques (1984) ou morales (1987).
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