Du couple KELLER à la CGT
La Maison du Peuple : le projet d’un couple engagé
Archiviste : Amandine Villefranche
À l’origine de la Maison du Peuple se trouve une volonté, celle d’un couple : les Keller. Charles KELLER était un ingénieur et poète. Il rencontra celle qui deviendra sa femme, Mathilde ROEDERER, une bourgeoise activiste très engagée dans le milieu politique nancéien, par l’entremise d’amis communs : les soeurs GRIMM-GALLÉ. Contraints à l’exil en 1871 en raison de l’adhésion de Charles KELLER au mouvement communard, ils revinrent mariés de Suisse en 1880, après l’amnistie accordée aux partisans.
Les époux KELLER poursuivirent leurs engagements au sein de la cité ducale mais également au niveau national, en embrassant la cause des Dreyfusards. Ils créèrent en 1898, le Comité de la Ligue des Droits de l’Homme, une première en province, et avec le concours d’Émile Gallé fondèrent l’année suivante une Université populaire. Très vite la question d’un lieu dédié se posa ; c’est ainsi que l’actuelle Maison du Peuple vit le jour, afin d’accueillir les travailleurs lorrains soucieux de se former. Les programmes furent conjointement élaborés entre autres par le couple, l’idée étant selon Charles Guiyesse, secrétaire général du mouvement des Universités populaires, “que s’allient la Pensée et le Travail”, que “les deux mouvements puissants : le mouvement scolaire et le mouvement ouvrier (...) se réunissent” [1]. Le résultat fut d’autant plus probant à Nancy car à la dimension ouvrière s’ajouta celle artistique, portée par certains membres de l’École de Nancy, ce qui conféra à l’Université une pérennité et un rayonnement plus importants que la moyenne. Dès 1907, l’édifice fut mis à disposition des syndicats et à la mort de Charles KELLER, sa veuve décida de le léguer à la Confédération générale du travail. Des placards des réunions qui s’y sont tenues nous sont parvenus, comme autant de témoignages d’une époque : à l’image de ce meeting contre les autorisations obtenues par les patrons afin de déroger à la loi du 23 avril 1919 sur la journée de 8h ou encore cette réunion visant à contester l’impôt sur les salaires (4 Fi 950 - 4 Fi 955).
La Maison du Peuple est encore aujourd’hui un lieu de vie et de débats conformément à la volonté de ses bâtisseurs.
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